Pourquoi ce blog ?
Un songe
Il y a quelques années, j’étais dans une famille d’accueil à l’étranger pour apprendre leur langue et l’un des membres de ma famille ne me supportait pas. Ce n’était qu’un enfant mais il me regardait toujours de haut, comme si je n’étais pas la bienvenue. Pourtant, je pensais faire tous les efforts nécessaires au quotidien pour m’intégrer, comme apprendre leur culture, manger avec eux, parler dans leur langue le plus possible, et être de bonne humeur. Quatre mois passaient et je ne comprenais toujours pas ce que je pouvais faire pour améliorer notre relation et favoriser sa bienveillance.
Puis, une nuit, j’ai fait un rêve. D’habitude, je ne me souviens pas particulièrement de mes rêves, je les oublie très vite. Mais celui-ci m’est resté en tête pendant les 4 semaines qui ont suivi. Dans ce rêve, je voyais cet enfant comme un bébé. Il était minuscule, seul dans une chambre sans lumière, toute noire. Il appelait ses parents mais personne ne venait, personne ne répondait. Alors, il se mettait en boule, prostré, perdu, fâché. J’étais en face de lui, mais il refusait de me parler et de me regarder. Alors, comprenant ce que je pouvais de la situation, je me mettais à lui parler et je lui disais que ses parents l’aimaient, qu’ils allaient revenir, qu’il ne devait pas s’inquiéter. Qu’il était important pour eux. Son regard restait fixe, mais je sentais qu’il m’écoutait. Je sentais qu’il était touché par mes mots mais que, comme un bébé, il ne savait pas comment exprimer ses sentiments. Il avait peur de les montrer à quelqu’un qu’il ne connaissait pas.
4 semaines après ce rêve, j’ai pris l’initiative de l’écrire dans la langue de l’enfant avec l’aide d’une amie, puis je l’ai invité dans ma chambre et je lui ai lu l’histoire.
Bon, peut-être vous vous attendiez à un heureux dénouement. A la fin de l’histoire, il est devenu encore plus en colère contre moi et plus méchant verbalement. Mais moi, j’étais en paix. Je ne me sentais plus atteinte par ses mots et ses actions. Je comprenais que maintenant, la balle était dans son camp. Je pense qu’il était mécontent que je décrypte son mal-être de cette façon, le mettre à nu devant ses sentiments si facilement.
En fait, même si ce rêve n’a peut-être rien changé pour le garçon, il a changé pour moi la façon dont je regarde les autres. Je me rappelle marchant dans la rue, regardant les visages d’inconnus, et me demandant Combien de personnes, bien qu’adultes, se sentent comme un bébé abandonné, comme cet enfant ? Combien, malgré les apparences qu’ils se donnent, se sentent petits, impuissants, perdus dans le noir ? Est-ce que, à chaque pas que je fais, je rencontre quelqu’un qui aurait besoin d’aide pour mettre des mots sur ce qu’elle ressent ?
Des hésitations
Je crois que cette expérience a décuplé mes capacités d’empathie. L’année suivante, j’ai commencé la prépa. Pendant ces trois années, j’ai rencontré certaines personnes pour lesquelles j’ai senti une détresse intérieure, mais je ne savais pas trop comment leur en parler. Je ne savais pas non plus si comprendre cette détresse serait aussi « simple » que ça l’avait été pour comprendre l’enfant. Je souhaitais aider, mais je sentais aussi que le fardeau serait trop lourd à porter pour moi cette fois. Il y en a qui ont des expériences plus difficiles que les autres, et je n’étais pas sûre d’être prête à les écouter.
Arrivée en école d’ingénieur, j’ai pris la décision de me former en parallèle à l’hypnothérapie, afin d’avoir enfin un outil pratique avec lequel aider les personnes que je pourrais rencontrer. Progressivement, j’ai remarqué :
- Certaines personnes ont tellement de préjugés sur l’hypnothérapie qu’elles ne voudront jamais essayer une séance. Par exemple: peur de se faire manipuler par le practicien, peur de laisser remonter des choses violentes de l’inconscient qu’on a peur de ne pas pouvoir gérer, ou peur que ça ne fonctionne pas, tout simplement ;
- Certaines personnes préfèrent d’autres thérapies classiques et je dois respecter leur choix, même si je trouve que ça leur prend plus de temps ;
- Certaines personnes pensent qu’elles n’ont pas besoin de thérapie et que la vie est ‘comme ça’ et qu’elles ne peuvent rien y faire ;
- La difficulté, dans notre société, à parler honnêtement de nos problèmes et de ce qu’on ressent.
Sur le plan personnel, j’ai noté l’utilité de mon empathie et de ma créativité naturelle pour amener les séances à un bon déroulement. Une personne insomniaque a dormi comme un bébé le soir même d’une de mes séances. Mais en même temps, je me suis rendu compte que je ne savais pas comment faire avancer la séance lorsqu’on se confiait à moi sur des cas d’abus de relation (émotionnel, physique, sexuel). J’ai donc arrêté de pratiquer l’hypnothérapie et j’ai essayé de me comprendre ce qui me bloquait pour avancer. Est-ce que c’était juste un manque de connaissance sur le sujet, ou un blocage personnel dû à mes propres expériences passées ? Très probablement, les deux.
La descente
J’ai commencé une dépression au milieu de ma première année d’école d’ingénieur. Pour moi qui suis une femme très expressive, très empathique, très ouverte sur le monde, c’était un choc terrible de me réveiller et de me rendre compte que je ne ressentais plus rien, même devant un film, devant un magnifique ciel bleu, ou même avec ses amis. C’est comme si une partie de mon cerveau s’était complètement déconnectée.
Progressivement, c’est moi qui me suis retrouvé dans la situation que je souhaitais guérir chez les autres. C’était désorientant. Horrible. Je suis allée plus bas que j’ai jamais pensé je serais capable d’aller. Je parlerai peut-être plus des détails dans un des articles de « Je l’ai vécu ».
Toutefois, je pense que mon entraînement à l’optimisme les années précédentes a été décisif dans ma décision de rester en vie et de prendre des habitudes pour me faire du bien chaque jour. Quoi que mon cerveau ait déconnecté en moi, je me devais de ne pas me déconnecter tout court. Je me suis raccrochée à mes rêves de voyage, mes rêves de famille, pour me donner un but et une raison d’avancer.
A force de vouloir rentrer en empathie avec les autres et comprendre ce que « se sentir dans une chambre noire » signifiait, il semble que la vie m’ait fait ce cadeau de pouvoir me mettre dans les chaussures d’autrui, au moins une fois.
La remontée
J’ai remonté la pente. Ca a pris du temps, pour pas mal de raisons, qui me permettent aussi de mieux comprendre pourquoi parfois on ne veut pas (ou plus du tout) faire d’hypnothérapie ou de thérapie. Je pense que les raisons principales sont :
Avoir peur de faire face à ce qu’on ressent vraiment, à tout ce qui peut remonter et qu’on n’est pas sûr de pouvoir surmonter.
Avoir peur de lui nommer car donner un nom, c’est rendre plus réel la souffrance.
Avoir peur de laisser tomber le masque et d’être enfin honnêtes avec nous-mêmes.
Avoir l’impression qu’on s’est suffisamment battu.
Laisser tomber par peur de rencontrer encore l’échec.
Et comme, en plus, il est difficile dans notre culture de rencontrer des personnes avec qui discuter franchement de nos problèmes les plus personnels sans se sentir jugé, ça met une barrière de plus.
La création du site
En remontant la pente, j’ai réalisé que je voudrais à nouveau pratiquer l’hypnothérapie avec ceux qui le demanderaient. Cependant, je sentais aussi que le sujet de la santé mentale était beaucoup plus large que ça. A quoi bon faire une opération du coeur si vous n’en prenez pas soin au quotidien ? La santé mentale est une question de pratique de tous les jours également. En complément aux thérapies, nous pouvons développer des habitudes positives qui vont nous faire progresser plus rapidement vers l’état d’harmonie que nous désirons. Et, avec ce que je vois tous les jours, je me rends compte que beaucoup de personnes n’ont pas ces habitudes qui m’ont permis de commencer à remonter la pente seule. Beaucoup, attendent qu’un miracle arrive. Beaucoup ne savent pas où commencer. Beaucoup, ne disent rien, et n’espèrent rien. Tournent en rond. Font du mal aux autres sans s’en rendre compte.
En tant qu’ingénieur, je vois qu’on a fait beaucoup de progrès en technologie et en science pour simplifier la vie extérieure des gens. Mais dans le domaine de la vie intérieure, il n’y a pas eu autant d’avancement. On laisse ce sujet généralement aux mystiques, aux ésotériques, aux psychologues avec +10 ans d’étude, à Doctissimo, aux discussions de soirée après minuit.
J’ai senti qu’en créant ce site, je peux aider à éveiller les consciences sur leur état intérieur, quelque soit votre niveau de scepticisme. Vous aider à vous poser des questions. Peut-être à trouver enfin quelqu’un qui vous comprend, ou du moins qui a envie de vous comprendre. Vous aider à trouver des solutions là où vous ne les avez jamais imaginées. Vous aider à prendre le courage de mettre en pratique ces solutions.
Vous aider à prendre votre envol vers des cieux plus lumineux et plus heureux que les gouffres où vous avez, peut-être, déjà habité.
Oui, ça vaut la peine d’essayer !